« j3i=ùlo !ç »

Installation-sculpture de Bertrand Parinet et Rachel Garcia, 2008

carrelets de pin de 8cm, équerres, vis

A l’occasion de la résidence d’artiste Espace III Croix-Baragnon, Toulouse

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INTERVIEW de Bertrand Parinet à propos de « j3i=ùlo !ç »
Peux-tu expliciter le titre quelque peu sibyllin de cette exposition ?
BP : Ne voulant pas produire un travail illustratif, le choix du titre ne pouvait être que descriptif, c’est à dire évoquant la structure, la forme qu’allait prendre le projet, ou faussement absent, ce fameux « sans-titre » récurrent dans l’histoire de l’art contemporain. D’où ce titre aléatoire, résultat d’un pianotage à l’aveugle sur le clavier de l’ordinateur, puisqu’il fallait bien en trouver un…
Tu travailles d’ordinaire tout seul, cette fois-ci, tu as invité Rachel Garcia, danseuse et chorégraphe, mais aussi plasticienne formée aux Beaux-Arts de Toulouse. Pourquoi l’avoir choisie, comment se déroule cette collaboration ?
BP : Je connais Rachel depuis une dizaine d’années, et nous n’avons jamais cessé cette discussion entamée depuis notre rencontre autour de nos travaux et de nos recherches artistiques. L’inviter sur ce projet était donc plutôt naturel. Si nos champs d’intervention ne sont pas les mêmes, nos problématiques en revanche s’articulent autour des mêmes questions et préoccupations…Nous avons d’entrée posé l’exigence d’un « authentique » travail commun, pas juste une exposition de groupe où se côtoient tant bien que mal des univers singuliers. L’enjeu était pour nous de parvenir à créer un univers inédit, fruit de la confrontation de nos pratiques et de nos expériences.
Il y’a quelque chose de très ludique, presque enfantin, dans ce projet où se métissent le design, l’architecture, la sculpture et la peinture…Comment qualifierais-tu ce « dispositif » conçu sur-mesure pour l’Espace III ?
BP : Nous avions envie de générer un principe de construction ouvert, et donc suffisamment rigoureux et systématique pour permettre le déploiement de différents possibles, de multiples formes. La première idée qui s’est imposée était de produire des séries de formes comme autant de variations autour du mobilier urbain et de ses codes et usages, la signalétique et la circulation qu’elle induit, la façon dont le corps s’intègre au sein de ce dispositif. Il s’agissait d’explorer tout le vocabulaire lié à l’espace urbain : la notion d’échelle, les proportions, le déplacement, les distances. Pour cette résidence à l’Espace III, nous ne voulions pas concevoir un « objet  abouti », définitif, mais plutôt réfléchir à comment inclure le processus d’élaboration et de construction à l’ensemble du projet de manière à ce qu’il reste visible. C’est un travail qui reste donc en évolution permanente, susceptible d’être modifié à chaque instant. Il nous fallait un matériau relativement souple, d’où les chevrons de bois organisés en une ligne qui se module en résonance avec l’architecture du lieu et ses codes de construction. Tout se joue donc autour de l’horizontalité et de la verticalité…Pour en revenir à l’intitulé de l’exposition, la conception et la construction de ce travail sont inextricablement liées, le dispositif ne raconte pas autre chose que ce qu’il est, à savoir une possible transcription d’une expérience, celle de la résidence, en temps et lieux. C’est une ligne de temps qui se déroule en un espace donné.
Est-ce à dire que vous invitez le spectateur à une expérience, prendre possession de l’exposition, comme vous vous êtes emparés de l’espace qui vous était offert ?
BP : La structure finie ne sera qu’un possible parmi une infinité d’autres. Son achèvement n’est tributaire que du cadre temporel de la résidence, en l’occurrence le xx  février ! Cette ligne de chevrons de bois est une lecture du lieu, de la circulation du corps et du regard dans ce lieu. Le spectateur sera donc à même de s’approprier une architecture, par le simple jeu de son regard et de son déplacement, chose qu’il fait quotidiennement, et pour laquelle nous lui proposons de prendre un peu de distance. Restituer au spectateur son potentiel d’expérimentation reste l’une de mes problématiques favorites…
Lucie Gayon

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