Le Sucre du printemps

Pièce chorégraphique de Rachel Garcia et Marion Muzac, version 4 avec First Ramallah Group, Ramallah, Palestine >> 2013

Conception, chorégraphie, costumes et scénographie avec Marion Muzac

bâche imprimée, nouettes, textiles et prêt à porter divers, résille, latex et peinture acrylique

Le Sucre du Printemps est librement inspiré du Sacre du Printemps de Nijinsky. En observant le phénomène de mode de la danse électro, Marion Muzac et moi avons émis le constat que les gestuelles développées par ces danseurs présentaient des analogies avec celles du Sacre. Nous avons alors proposé à une trentaine de ces jeunes âgés de 10 à 20 ans, de transformer la partition de Nijinsky. La scénographie et les costumes ont été élaborés à partir de matériaux iconographiques apportés par les danseurs, d’improvisations et de discussions que nous avons eus ensembles. Créé à l’origine à Toulouse en 2010, le Sucre du Printemps a connu 4 écritures différentes avec 4 groupes de danseurs issus de Toulouse, Paris, Dusseldörf et Ramallah.
Consulter les autres versions :
Toulouse
Dusseldorf

Paris
Production : association MZ prod, production déléguée: CDC Toulouse, co-production : L’Usine, Lieu Conventionné pour les arts de la rue de Tournefeuille.
Ce projet a bénéficié de l’aide de la Ville de Toulouse et du DAERI/Département des Affaires Européennes et des Relations Internationales du Grand Toulouse, de l’Institut Français et de la Municipalité de Ramallah.
©Nabil Darwish

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La fête et l’image sont les fondements du mouvement de danse électro, né à peine hier et déjà à l’aube de sa disparition. Qui sont ces électro-danseurs et d’où sont issues leurs gestuelles si particulières? Quel est ce phénomène qui se propage sur le net à grand renfort de vidéos amateurs? Quelles sont leurs motivations à se donner ainsi en spectacle sur le bitume des places publiques ? Pourquoi tout récemment la danse s’est naturellement intégrée au mode de vie des adolescents ?

 

Avec le projet Le Sucre du Printemps, nous désirons poser un regard sur cette génération qui comme toutes, reproduit à sa manière en pensant les esquiver, les rituels de passage du monde de l’enfance à celui des adultes.

 

 

 

  1. A) CARACTERISTIQUES CHOREGRAPHIQUES

 

La danse électro en soi est un condensé de styles, mais qui, sur un rythme musical approprié crée un ensemble chorégraphique assez novateur. Les influences sont tellement claires qu’on pourrait les assimiler à des citations : le doigt pointé en l’air de Travolta dans « Saturday night fever », le « voguing » des années 80 connu du grand public par l’intermédiaire de Madonna (Le tube « Vogue »), la permanente position genoux pliés en dedans / en dehors propre au ska ou à des types de danses africaines, et à des mouvements de bras conjuguant danses tribales et locking hip-hop…

On notera au passage la diversité des styles de danse au sein même du mouvement : le jumping n’est qu’une chorégraphie de petits sauts d’un pied sur l’autre (Fest-noz Breton ?…) parfois pratiqué à l’unisson, le hardstyle, se pratique en solo, le sexytecktonik est typiquement inspirée des clips R’n’B mais interprété plus violemment et il est uniquement pratiqué par des filles, etc.

 

De nombreuses analogies sautent aux yeux quand on compare le style chorégraphique électro avec celui du Sacre du Printemps de Nijinsky. D’une manière générale, il apparaît clairement que ces deux types de danses évoluent dans des univers musicaux à dominante percussive et sont accords parfaits au niveau des rythmes utilisés. Mais la complexité de la partition musicale originale et son caractère narratif, contrairement à la musique électro, ouvre des portes vers un travail d’adaptation chorégraphique qui permet d ‘évoquer avec les jeunes danseurs des notions propres à la danse contemporaines ; les diverses qualités gestuelles, les adaptations rythmiques, la composition à plusieurs, l’utilisation de l’espace, les transitions chorégraphiques, les déplacements… et ainsi développer un rapport entre danse et musique plus riche qu’il ne l’est actuellement. Si l’on s’attarde plus longuement sur les gestes qui composent les phrases chorégraphiques, une série de similitudes surprend à nouveau : la place des accents corporels, les secousses de corps, la répétition des mouvements comme mode d’écriture, la stylisation des gestes, la posture invertie, genoux en dedans jambes pliées, direction du regard à l’opposée de celle du cops, les nombreuses torsions… La mise en parallèle de ces deux styles gestuels nous conduit à penser qu’ils sont de même facture ! Notons au passage que la partition de Stravinsky s’appuie sur l’argument narratif de Nicolas Roerich, et que la musique évoque de manière anecdotique la présence d’une foule de jeunes, de rixes, de rituels, d’accouplements, et de fait, la discothèque semble être l’espace public approprié aux grands événements de la vie pour cette génération-là, et la danse un moteur de vie.

 

 

 

 

  1. B) COSTUMES ET ESTHETIQUE GENERALE DES CORPS

 

La culture électro est propice au développement d’un espace subjectif et à la création personnelle dans la mesure ou elle assume totalement qu’elle est uniquement constituée d’emprunts aux différentes sous-cultures qui l’ont précédées.

 

Description de ce qu’elle donne à voir :

 

Les stars autoproclamées par le mouvement sont ni plus ni moins des adolescents « normaux », pas spécialement conformes aux idéaux physiques en vigueur, la seule condition est de « bien » danser ce qui signifie en grande partie dépenser beaucoup d ‘énergie et de s’y consacrer pleinement. En revanche, le modèle vestimentaire et de look est remarquable. La coiffure joue en grande partie le rôle d’uniforme, c’est l’élément de reconnaissance des pairs. Le choix des vêtements est facilité par le prêt-à-porter qui s’est engouffré dans la brèche des codes électro : jeans slims, t-shirts moulants, rayures, carreaux, étoiles, fluo, sweat à capuches…

Ces codes, une fois associés donnent une impression d’ « éclectisme connu ». En fait, c’est une somme d’extraits choisis à l’intérieur des différents mouvements de contre-culture adolescents du XX ème siècle. S’y côtoient le punk, le ska, le rock, le disco, le rap, la house, la techno, on y reconnaît un maquillage proche de ceux de David Bowie dans les années 80 (l’étoile autour de l’œil chez les garçons), un éternel sweat à capuche de teuffeur ou de hip-hoper, une ceinture et un bracelet à clous (punk-skin version rose bonbon avec une tête de mort à strass), les damiers noirs et blancs du ska (principalement sur les chaussures), des crêtes et des mèches effilées et colorées des punks…

 

D’un point de vue iconographique, on relève des analogies formelles surprenantes qu’il sera intéressant d’exploiter. Par exemple, les femmes du Sacre sont maquillées avec un élément graphique abstrait noir sur les joues, comme les danseurs électro. Hommes et femmes sont clairement identifiés à un groupe d’appartenance qui les qualifie (homme mûrs, adolescents, adolescentes, femmes mûres, hommes chasseurs, et même un groupe de grandes femmes…) par leurs vêtements et coiffures identiques, ce qui les rapproche du phénomène de contamination des goûts vestimentaires des adolescents d’aujourd’hui.

Nous pourrons nous appuyer sur l’audace vestimentaire du mouvement électro pour constituer des costumes qui, loin de « ressembler » aux originaux du sacre, sauront s’y référer par leur richesse ornementale et la superposition des couches. Nous espérons obtenir le partenariat de marques de vêtements actuels pour contribuer à cette création de costume qui demande un grand nombre d’éléments…

 

 

  • SCENOGRAPHIE

 

INSCRIPTION DANS DES TERRITOIRES REELS ET IMAGINAIRES

 

Nous ne pouvons et ne voulons créer une pièce qui représenterait l’Adolescence ou la culture de jeunes d’aujourd’hui mais plutôt jouer de leurs modes d’appropriation pour créer un univers sensible qui ressemble au groupe de volontaires qui se sera constitué autour d’une envie commune de danser.

 

Nous souhaitons faire référence au rideau de fond de scène peint par Nicolas Roerich à l’origine. Il représente un paysage avec un traitement pictural proche des fauves ou des impressionnistes « tourmentés » et évoque (dans quelle mesure ?) un paysage (Russe ?) monumental, complexe, à la limite de l’abstraction. C’est sur ce point de l’abstraction figurative que nous nous arrêterons. Nous allons mener un travail parallèle de collecte de « paysages personnels » des participants qui se prêteront au jeu. Je pense par exemple aux espaces privés de chacun ; la chambre en particulier est souvent l’espace où se dévoilent les goûts les plus intimes. L’accumulation d’objet, la collection, l’affichage, sont des activités très prisées des adolescents et témoignent d’un goût pour l’agencement, la présentation, la mise en relation. Ces agencements que je nomme « paysages » sont dépositaires d’une quête de sens propre à cette période de la vie au cours de laquelle chacun élabore ses rituels identitaires.

Un autre type de paysage que nous tenons à évoquer est celui auquel on s’attache visuellement, que l’on a imprimé mécaniquement. Celui-ci peut être fixe comme un tableau, encadré par une fenêtre que l’on aperçoit depuis un fauteuil qui ne change jamais de place. Il peut être un élément d’une suite de points de vue que l’on a adoptés au cours d’un trajet régulier. Peut-on enregistrer le chemin du regard ? Et comment en parler ? En quoi ce schémas d’habitudes nous est nécessaire, pour quelles raisons s’est-il constitué ainsi ? Cette question est le point de départ de mini-fictions que nous traduiront graphiquement.

 

PRESSE

communiqué de presse

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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