PROJET CHARBANC

Artistes/ Designer du projet : Rachel Garcia et Pauline Curnier Jardin

Concepteurs des éléments artistiques : Zeman Muche, Goytom, Thimothée Mekouen, Antre Moudjahid, Nasor Haron, Dagafa Mangistu, Faridullah Khasar, Kadim, Burdi Jijan, Oussman, Djogo Djop, Michal, Ykaelo Kahsay, Momand Namatullah et Bachar

En collaboration avec : Le PEROU – Sébastien Thiéry
Collectifs Quartiers Solidaires / Les P’tits Déjs Solidaires : Latifa-Aline Mahala, Jean-Baptiste Lévêque et Anna-Louise Milne
Chorégraphe : Laëtitia Angot/ les LAACS
Stagiaire : Juliette Le Dez
Production : Agence Eva Albaran / Anthony Humber pour Nuit Blanche 2019
En octobre 2018, nous avons été invitées à participer à la grande parade des oeuvres d’art  de Nuit Blanche Paris 2019 pour laquelle le commissaire, Didier Fusiller, demande aux artistes de concevoir un char, comme le veut la tradition du carnaval, pour une soirée dédiée, entre autre, à la notion de «mouvement».
Nous, Rachel et Pauline, partageons une idée précise de la fonction fondamentalement politique et critique du carnaval, et celle-ci est une de nos matières premières à penser nos formes artistiques depuis une dizaine d’années. Nous avons répliqué immédiatement qu’il était difficile de concevoir quelconque célébration d’oeuvres d’art, voire même quelconque célébration d’un nom d’artiste, dans le contexte actuel des rues de la ville de Paris et que si « mouvement » notable il y avait aujourd’hui, il était bien évidement lié à la question des flux migratoires et de l’accueil/non-accueil attenant à cette question, et puis, puisque nous étions en novembre, quelconque « défilé de rue dans Paris » résonnait déjà avec celui des gens qui, venant de province pour la plupart, ont encore la force d’être en lutte pour des conditions de vie moins dégradantes et précaires que celles dans lesquelles ils vivent. La rue d’un carnaval chaste et cynique n’était pas concevable, mais, plutôt que de refuser cette invitation événementielle nous avons préféré nous coller à sa problématique.
Nous avons décidé de nous rapprocher de Sébastien Thiéry, cofondateur avec Gilles Clément du PEROU, pour travailler avec des gens qui réfléchissent depuis longtemps ces questions, pour élaborer notre projet et l’ancrer dans le territoire parisien où aurait eu lieu cette fête le 5 octobre 2019. Le PEROU, le Pôle d’Exploration des Ressources Urbaines.
En cours, un projet qui suscite tout notre intérêt : inscrire les gestes d’hospitalité au Patrimoine Culturel Immatériel Mondial de L’Unesco. Le PEROU recense depuis 2016, chaque geste, infime soit-il, d’attention et d’hospitalité envers les migrants, la liste est longue, et parmi elle, les riverains du quartier de la Chapelle, aux premières loges de l’arrivée massive de migrants à Paris, qui ont décidé d’offrir chaque matin un petit déjeuner à ces gens qui ont tout perdu pour fuir les dangers de leur pays, et qui n’ont plus rien, et dorment dans la rue. Ce geste, d’une simplicité déconcertante sauve sans aucun doute de nombreuses vies, apportant le minimum de réconfort que l’on peut attendre après une nuit dehors, du pain et une boisson chaude, des sourires et des mots. Ces riverains sont regroupés et organisés sous le nom de Quartiers Solidaires : Les P’tits Déj’s Solidaires.

Implantation du projet dans la ville.

Premières esquisses des possibilités de playground en lien avec l’idée du petit déjeuner à l’occidentale.  Croquis produits avant notre rencontre avec les « invités ».

Sculptures et peintures réalisées par nos « invités » du P’tit dej’, cour du Maroc-Paris






Panneau d’affichage du projet avec image centrale de la maquette du playground à l’état d’avancement au moment de l’annulation.

Photographies de l’exposition du projet à la bibliothèque Vaclav Havel-Paris, septembre 2019.



Nous voulons inviter ce quartier à cette fête populaire qu’est la Nuit Blanche et nous décidons de trouver le point de friction entre les petits déjeuners solidaires et notre projet de char qui, nous le savons déjà, prendra la forme d’une sculpture monumentale, à l’échelle de notre précédente collaboration ; Grotta Profunda Approfundita, un paysage-cinéma que le public gravit et appréhende physiquement.
Situé dans la partie basse du parc, la plus sensible, et en face de la distribution des petits déjeuners, Cour du Maroc. Nous avons choisi d’implanter le parc en face de la dale de béton et du gradin, pour profiter des assises et de la dale qui offre un dance-floor naturel.Le playground sera situé dans la pelouse pour diminuer la quantité de sol amortissant tout en
favorisant la sécurité du jeu.
La conception du design du playground se fera à travers des discussions et des ateliers de pratique plastique avec un groupe des « invités » des petits déjeuners, qui sont principalement des personnes migrantes, primo-arrivantes qui ont passé la nuit dans la rue, des demandeurs d’asiles en difficulté depuis des fois plusieurs années,  nous concevrons  un espace ludique à appréhender directement avec le corps, dans le jeu, dans le trajet du déplacement d’un point à un autre.
Aussi, c’est un paysage que nous allons former. Un paysage à l’intérieur du parc. Comment les formes se transforment et évoluent, mutent dans un continuum ou forment un macrocosme au fil du trajet? Comment fabriquer un nouvel espace, par l’usage d’associations monstrueuses, la démultiplication, la prolifération de matières? Un trajet à multiples entrées pour que le jeu se renouvelle à l’infini, comme les multiples chemins qui peuvent être suivis à chaque moment de la vie. Nous avons l’intuition que la rencontre entre nos conceptions plastiques sera stimulante. Et nous souhaitons les favoriser, pour que le résultat de notre collaboration soit fidèle à la diversité de nos univers culturels.
Ce projet, pour des raisons diverses, mais surtout car nous avons finalement opéré à un détournement de cahier des charges, fût annulé par Nuit Blanche le 10 juillet.Nous voulons par cette présentation faire exister ce projet, car le travail a bel et bien commencé et les rencontres se sont faîtes, et nos craintes et questions ont depuis changé.Nous cherchons des moyens de le réaliser, un jour.
Dimension au sol : 13m / 3m
Hauteur max : 4m
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