URGE

(…) Aujourd’hui, quand les quatre interprètes d’URGE investissent le plateau (sous le regard de deux autres, qui les surplombent en vigies), ils sont en train de baver. Cela frappe, au contact de leurs combinaisons de néoprène, futuristes et hyper-cleans. Ces taches dégoulinantes – avec lesquelles une part du public ne parviendra pas à se réconcilier – inscrivent d’emblée un signe organique archaïque, habituellement refoulé par les stratégies éducatives de la bonne tenue des corps en société. (…)
Dans la traduction incorporée qu’en propose Wampach, l’anthropophagie déborde surtout du côté des métaphores du désir sexuel, dont tout un registre s’exprime en termes de gourmandise, d’envie de dévoration, d’ingestion de l’altérité, de dilution des chairs mêlées. Résolument engagée sur ces bases, la pièce s’active derrière des visages expressionnistes, déformées par leur suractivité buccale et les débordements de sucs qui en jaillissent.

Gérard Mayen

© Marc Coudrais